Médicaments génériques
2020, une année pas comme les autres…
Au terme d’un an de crise sanitaire d’une ampleur inédite, les chiffres du marché pharmaceutique pour 2020 sont tombés et ce secteur n’a pas échappé au tumulte général avec des évolutions inattendues. Cependant, en dehors des aléas conjoncturels, pour le médicament générique de ville, 2020 s’inscrit au global dans la continuité de 2019 : le marché ne se développe que grâce aux nouvelles molécules et au développement de la substitution (+ 2,6 points). Pour le médicament biosimilaire, la moindre croissance des volumes, tant à l’hôpital que sur le marché de ville, montrent la nécessité de faire évoluer la réglementation et de mettre en place des mesures incitatives pour accélérer le développement du marché.
A périmètre constant, le marché des génériques de ville remboursable n’a pas échappé au mouvement baissier du marché pharmaceutique global et la tendance constatée sur ce marché en 2020 s’accentue par rapport à celle de 2019 (-1,8% versus -0,1% en 2019). Cette baisse aurait été encore plus drastique si les pharmaciens n’avaient confirmé leur investissement dans le développement des médicaments génériques à travers une intensification de la substitution sur ce segment.
Avec une hausse de 1,1% en périmètre courant (vs +1,3% en 2019), il ne fait désormais aucun doute que c’est bien l’arrivée des nouvelles molécules qui a porté le marché du médicament générique en 2020 ; comme c’est maintenant le cas depuis de nombreuses années.
Dans ces conditions, les médicaments génériques ne représentent toujours que 40% du marché pharmaceutique remboursable en ville.
2020 a pourtant permis de confirmer le rôle stratégique des médicaments génériques qui ont représenté plus de 75% des spécialités utilisées pendant la crise. « Nos alertes sur l’importance de préserver des approvisionnements pérennes de médicaments matures ont pris tout leur sens dans le cadre de cette crise » confirme Stéphane JOLY, Président du GEMME.
Sur le plan économique, les médicaments génériques ont permis de réaliser une économie de 2,85 milliards d’euros en 2020. Economies qui, années après année – plus de 32 Md d’€ d’économies depuis 2000, permettent toujours de financer des axes indispensables de la prise en charge de la santé en France. « Il serait cependant possible de faire beaucoup mieux si la France utilisait les médicaments génériques dans des proportions équivalentes à celles de nos comparateurs », rappelle Stéphane JOLY.
Quant aux médicaments biosimilaires, les chiffres de 2020 montrent à quel point ce marché à fort potentiel est encore émergent et dépendant des aléas de la réglementation. Il a en effet connu une croissance moindre qu’en 2019 à l’hôpital (+18% vs +48%) et elle a été « stoppée net » en ville (+ 8,7% vs +123% en 2019). Avec 69% de pénétration à l’hôpital et seulement 23% en ville, ce marché est encore loin de l’objectif de 80% de recours aux biosimilaires en 2022 fixé dans la Stratégie nationale de santé.
« Passer à côté du développement des biosimilaires serait une terrible perte de chance pour les patients français et pour notre système de santé » alerte le GEMME. A cet égard, la mise en œuvre de mesures incitatives pour l’ensemble des acteurs est incontournable.
2020 a été une année difficile qui nous a rappelé notre vulnérabilité et a mis en lumière nombre de failles organisationnelles mais aussi nos forces qui se sont révélées à travers la mobilisation sans précédent de l’ensemble des acteurs. « Ces failles sont autant d’opportunités pour nous améliorer individuellement et collectivement, pour continuer d’assurer la délivrance du bon médicament au bon patient au bon endroit et au bon moment, dans des conditions de sécurité et de d’efficacité optimales mais pour cela, il faut impérativement que les enseignements tirés de la crise de la CoViD se traduisent dans les prochaines mesures tant administratives que législatives » souligne Stéphane JOLY.
Pour cela, il est impératif de protéger la filière industrielle du médicament générique, malmenée par des baisses de prix répétitives, une fiscalité aberrante ayant abouti à une totale dénaturation de l’objectif initial de la clause de sauvegarde, et l’absence d’une politique ambitieuse de relance du marché, notamment via l’augmentation de la prescription au sein du Répertoire.
Convaincu de l’importance de son rôle en tant que force de proposition, le GEMME présentera prochainement les résultats d’une étude menée par le CREDOC sur les leviers de développement des médicaments biosimilaires. « Il n’y a plus de temps à perdre. Il faut permettre aux médicaments biosimilaires de jouer tout leur rôle » rappelle Stéphane JOLY. Conformément aux vœux du Ministre de la Santé de relancer les travaux sur les conditions de la substitution, les échanges devront réunir tous les acteurs pour construire un cadre spécifique permettant l’adhésion de tous aux médicaments biosimilaires, et en premier lieu les patients.
2021 nous lance un défi : poursuivre notre travail individuel et collectif pour dépasser la crise et accompagner les évolutions de notre secteur. Le GEMME et ses membres sont déterminés et resteront mobilisés pour répondre aux enjeux qui sont sur la table et à travailler avec l’ensemble de leurs partenaires - administration, professionnels de santé, fabricants, logisticiens, patients, … - pour imaginer et mettre en œuvre des méthodes toujours plus agiles pour accompagner ces évolutions et assurer la pérennité de notre système de santé.
A propos du GEMME
L’association réunit 25 industriels du médicament générique et biosimilaires : les laboratoires Advanz Pharma, Arrow, Athena, Benta Lyon, Besins Healthcare, Biocon Biologics, Biogaran, Cristers, Delpharm, EG Labo, Everpharma, Evolupharm, Galien, Helm, Medac, Médipha Santé, Medis, Panpharma, Substipharm, Sunpharma, Teva, Venipharm, Viatris, Zentiva et Zydus.
Le GEMME œuvre pour faire reconnaître la qualité et la sécurité des spécialités génériques et biosimilaires dispensées en France et valoriser le rôle médical, industriel et économique de ces médicaments. Le GEMME participe pleinement à la pérennisation du système de santé français.